Homélie du 32è Dimanche ordinaire par le P. Vast-Amour, curé


Pour méditer la Parole de Dieu ce dimanche, au lendemain de la Toussaint et de la commémoration des
fidèles défunts, la liturgie nous présente deux situations qui s’interpellent l’une et l’autre autour d’une
question : l’espérance en la vie éternelle.
La première c’est la situation désespérée d’une famille persécutée pour sa foi, et qui résiste en pleine
espérance. Une mère et ses 7 fils, massacrés par Antiochus Epiphane. La liturgie nous fait grâce de la
description de toute l’atrocité que le 2 e livre des martyrs d’Israël relate lors de ce massacre. Une description
qui correspond à des horreurs inimaginables et actuelles, que l’actualité nous sert au quotidien, partout dans
le monde et ici en France.
Nous avons certainement des prénoms de victimes persécutées, qui nous viennent à l’esprit. La violence et
la méchanceté gratuite, ou au nom de certaines convictions idéologiques et religieuses. Mais la réalité est
là : la mort, voulue, ou non, violente ou non, naturelle ou non. Ces 7 fils Martyrs et leur mère ne croyaient
qu’en une seule chose. Demeurer fidèle à Dieu jusqu’au bout « Puisque nous mourrons par fidélité à Dieu, il
nous ressuscitera pour la vie éternelle. C’est du ciel que je tiens ces membres (de mon corps) mais à cause
de sa loi je les méprise et c’est par lui que j’espère les retrouver ». Conclusion : Ressusciter fait revivre au
ciel au mieux ce qu’on aura perdu sur terre.
La 2 e situation, ce sont des sadducéens sans espérance, qui ne croient pas du tout à la résurrection des
morts. Puisque l’espérance du ciel, serait de retrouver ce qu’on a perdu sur terre, ils posent une question
concrète à Jésus sur la résurrection des morts et sur la base même de la loi juive.
Une femme perd sept fois un mari sans jamais avoir enfanté. Tous des frères. Non seulement c’est un
profond désespoir pour elle avant sa mort. De plus ils l’ont prise pour femme, en fidélité à la Loi juive, donc à
Dieu. De qui sera-t-elle l’épouse donc au ciel ? Du premier mari ou des 7 maris ? Comment Dieu peut-il
créer cette situation aussi complexe en n’évitant pas à cette femme ces drames successifs ? Stérilité et
deuil ?
Cette question nous conforte bien nous les hommes, dans notre manière logique du reste, de nous
interroger sur le ciel face aux drames que nous vivons. Et en nous interrogeant, transposer au ciel les
réalités de la terre, selon la logique humaine. Pour Retrouver en nettement mieux au ciel ce que nous avons
perdu sur terre par fidélité à Dieu. Plus encore lorsque nous pensons à nos défunts, à les y retrouver comme
nous les avions pour nous sur terre. Nous pensons en termes de possession : mon mari, ma femme, mes
enfants, mes amis. Chacun dans sa maison au ciel.
Or la joie du ciel dépasse infiniment ce que nous possédons. Oui nous retrouvons dans la joie et la
Miséricorde du Père, « mon mari, ma femme, mes enfants, mes amis ». Mais ils ne sont plus uniquement
que « les nôtres », nous nous retrouvons comme une famille dans une même maison, sans mur, sans autre
chose que le lieu de l’Amour. Souvenons-nous d’une des paroles de Jésus : aucun n’aura quitté père et
mère sans avoir en retour pères et mères par milliers. Ce qui veut dire qu’au ciel, la relation n’est pas réduite
à des possessions personnelles, mais ouverte à l’infini comme c’est le cas pour les anges.
Il s’agit finalement d’une réalité plus grande que seulement de retrouver au ciel ce qu’on a perdu sur terre. Il
s’agit d’entrer dans la vie angélique. Nous comprenons ainsi la réponse de Jésus à ces saducéens qui
manquent d’espérance vraie : « les enfants de ce monde prennent une femme et mari. Mais ceux qui ont été
jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre la mort ne prennent ni femmes ni
maris car ils ne peuvent plus mourir ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la
résurrection ». Ce n’est donc pas un besoin au ciel comme sur terre car au ciel il n’y a aucun manque. Tout
est donné en surabondance, à l’infini, sans comparaison à la vie sur terre.
Croyons-nous à la résurrection des morts au nom de la foi en Jésus Christ mort et ressuscité ? C’est une
mention de notre credo catholique. Et si nous y croyons, comment formulons-nous cette espérance, ce désir
du ciel ? C’est la question qu’on peut donc se poser et demander à Dieu de nous aider à vivre vraiment

l’espérance pour nos défunts, pour nous-mêmes et pour le monde. Au nom du Père et du Fils et du St
Esprit. Amen !