Justement, et c’est le prophète Isaïe qui nous le dit, Jésus est le Juste, le « serviteur broyé par la souffrance ». Dans cette éternelle fidélité, Jésus est celui qui souffre de toutes les souffrances du monde. Si nous, nous semblons être aveuglés, si nous, nous les découvrons aujourd’hui, Jésus lui souffrait déjà avec tous les souffrants.
Dieu souffre avec nous. Ne circonscrivons pas la souffrance seulement à l’actualité du rapport de la CIASE. Comprenons toutes les souffrances des victimes innocents. Doublement victimes de n’avoir pas été entendues dans leurs souffrances. Il y a également toutes ces souffrances connues ou cachées, dans les difficultés familiales, dans la rue avec les sans-abris, dans les phénomènes de migration, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les épreuves liées à la foi, dans le désespoir précoce des enfants et des jeunes que nous connaissons, dans les violences verbales, des chrétiens blessés de ne pas être pas reconnus dans leurs services, des prêtres serviteurs blessés d’être considérés comme des abuseur et prédateurs potentiels. Jésus pour tous, est littéralement broyé par la souffrance.
Jésus que la lettre aux Hébreux présente comme le Grand Prêtre, capable de traverser les cieux et de compatir aux faiblesses dont nous sommes frappés, de nous ressembler sans lui-même être pécheur et de nous rassembler. Oui ça fait du bien d’entendre et d’évaluer à nouveau frais ce message : Dieu est avec nous au plus bas de ce qui va mal pour rejoindre le désespéré, le découragé, et lui parler d’espérance parce qu’il est avec nous à ces moments-là. Jésus ne laisse personne dans son désespoir et sa solitude.
Et voici que les fils de Zébédée, Jacques et Jean, font à Jésus une demande pour le moins très ambitieuse. « Maître, accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche ». Tout à fait normal. Ce sont des frères. Ils veulent être ensemble au plus près de Jésus jusqu’au bout. Bravo. C’est cela que signifie siéger dans la gloire de Jésus. Ils déclarent leur fidélité à Jésus et espèrent ainsi en toute récompense, demeurer au plus près de Jésus à la fin de tout. Seulement, ils ne mesurent certainement pas le poids de cette démarche, celle du Christ, qui devient aussi celle du chrétien. « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire » ? Il faut ici entendre : êtes-vous vraiment prêts : prêtres, religieux et religieuses, fidèles laïcs engagés, parents, jeunes et enfants ? Puisque vous boirez justement à cette coupe. Mais il nous appartiendra à tous de demeurer fidèles jusqu’au bout. C’est ainsi que mon Père vous accordera ce que vous demandez chers Jacques et Jean.
Ce « êtes-vous prêts » résonne donc en nous ! Etes-vous vraiment prêts à demeurer fidèles jusqu’au bout ? Quand les épreuves se font de plus en plus fortes, violentes, turbulentes, indicibles ? Etes-vous vraiment prêts à mesurer votre fidélité à toute épreuve ? Sommes-nous prêts à interroger notre propre fidélité à l’Evangile, notre charité et notre bienveillance, à assumer jusqu’au bout notre foi ?
Une chose pour nous est sûre : « Jésus n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Il est venu nous libérer, gratuitement, de toute condition de peur, d’esclavage et de désespoir.
La gratuité de Dieu, ou en terme réconfortant, la grâce de Dieu agit dans nos faiblesses. Commençons par faire confiance à cette grâce, et nous-mêmes, méritons ensuite confiance, et donnons à d’autres cette assurance de confiance qu’il n’y a que dans la dimension du service que nous pouvons vivre la grâce d’être libérés de tout mauvais poids de la vie et des actes que nous posons, sans dévoyer la grâce de Dieu en nous. Oui chers amis, tout est grâce pour qui sait prendre tout en grâce. Même dans les moments les plus inimaginables.
Prenons véritablement soin les uns des autres. C’est le thème de notre année dans notre paroisse. Prenons soin à tout point de vue, en faisant un pas de plus dans l’amour. Prenons vraiment soin de chacun même de ceux qu’on juge selon nos catégories. Là est le témoignage chrétien dans notre communauté paroissiale.