Si nous cherchons le fil rouge qui unit les trois lectures plus le psaume que nous avons entendu ; nous le trouverons dans deux mots clés : « écoute » et « Un ».
Le Shemaâ Israël que nous avons entendu dans la première lecture est le Credo de chaque Juif à travers l’histoire. Jésus dans son humanité a beaucoup prié et récité cette prière. Ce sont les versets les plus répétés dans l’histoire parmi les 4875 versets de la Torah. Les juifs les ont récités chaque jour : Dans leurs maisons ; dans leurs travaux, sur les bûchers ou dans les camps de concentration. Cette prière est très importante pour un juif car elle unit, selon la foi juive, Israël à son Créateur. Ainsi le Shemaâ Israël est l’expression de l’amour d’Israël à son Dieu en se rappelant de l’obligation de l’écoute obéissante à Dieu Un afin de pouvoir rester unis à lui. En ce sens, le rapport entre l’écoute et l’unité est avant tout la Charité qui engendre dans l’âme la confiance, l’espérance et l’obéissance filiale à Dieu.
L’Unité est donc impossible sans la Charité. C’est là où on constate la différence entre la religion juive et la foi chrétienne : Dieu selon le juif est Un mais on ne sait pas trop ce qu’il est vraiment. Tandis que pour un chrétien Dieu est Un parce qu’il est une unité d’amour. Il est Un dans la substance de sa divinité et il est trois en ce qui concerne les subsistances de son être. Dieu pour un Chrétien est une Unité d’amour entre sa subsistance paternelle, sa Parole créatrice et salvatrice qui exprime sa sagesse et le reflet de son être et qui est toujours unie avec lui par son Esprit de Sainteté, d’amour créateur, vivant et vivifiant.
La notion de la Trinité représente l’Unicité divine comme une unité d’amour en Dieu lui-même entre sa Divinité sa Parole et son Esprit. Nous pouvons comprendre que la notion de la Trinité n’est pas contradictoire avec le Shemaâ Israël mais au contraire elle est une révélation authentique qui manifeste le Dieu d’Israël et qui proclame avec les anges apparus au prophète Isaïe : Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu de l’Univers.
Le rôle de l’écoute est d’entrer dans une relation d’amour avec Dieu. L’écoute est liée à l’obéissance. Obéir à Dieu pour un chrétien signifie : garder les commandements, Obéir à l’Église et surtout aimer le prochain ; Ces trois axes de la foi chrétienne sont des indicateurs qui nous montrent le niveau de notre Charité. C’est-à-dire si nous sommes vraiment dans une véritable écoute charitable. L’écoute donc est à la fois : une disposition à la charité, un signe de charité, est un fruit de la charité. La charité mène le chrétien à l’harmonie et à l’unité. Le manque ou l’absence de la charité mène l’homme à une relation de haine et de domination avec lui-même et avec autrui.
L’obstacle à l’écoute est le même obstacle à la charité : l’égoïsme. Préférer obéir à ses désirs et refuser d’obéir les commandements de Dieu. Préférer obéir à ses propres opinions et sa propre idéologie et refuser d’obéir l’Église. Préférer chercher ses propres intérêts même si ces intérêts détruiront la vie de l’autre.
Quand l’homme se détourne de la charité, il se détourne de l’écoute de l’autre : Dieu, l’Église, le prochain et l’univers. Il devient l’esclave obéissant de ses propres désirs et plaisirs et de son propre Ego. Il entre dans un processus de dichotomie intérieure. Il perd sa propre unité intérieure ; il perd son unité avec Dieu et il perd même la notion de l’unicité de Dieu car il fait de son Ego un autre Dieu avec Dieu et un autre maître à la place de notre Maître Jésus Christ. Ainsi l’homme qui n’est pas dans la disposition de l’écoute risque de devenir spirituellement un païen même s’il s’affiche comme un chrétien ou comme un juif.
Nous fêtons lundi prochain la Toussaint ; ce sont des hommes et des femmes à l’écoute de Dieu de l’inspiration de son Esprit-Saint. Ils sont obéissants à ses commandements et à son Église. Ils sont à l’écoute de la souffrance de l’humanité. Ils ont choisi Dieu plutôt que leur Ego, idéologie ou culture. A l’instar de Jésus qui a choisi l’abnégation de son corps sur la Croix par amour du genre humain et pour le Salut des âmes.
La clé de la sainteté c’est écouter, obéir et aimer qui signifie l’abnégation de l’Ego devant Dieu. Cette abnégation de l’Ego est le premier pas vers la reconstruction de l’être par Dieu. L’écoute donc est une forme d’abnégation de l’Ego pour se laisser reconstruire et instruire par Dieu, l’Église, le prochain et l’univers. L’écoute est un chemin qui mène à l’unité amoureuse avec Dieu. Cette unité amoureuse n’est autre chose que la sainteté.
L’écoute est une disposition nécessaire à la sainteté.
Ecoute Israël: Dieu t’écoute! Amen.