HOMELIE DU 4E DIM DE CAREME 2020 P VAST-AMOUR ADJOBI

Voici notre planète plongée dans une crise particulière. Un adversaire invisible qui touche toutes les relations humaines, l’infection virale au covid-19. Tant que cela ne touche que d’autres, le reste du monde se sent peu concerné. Aujourd’hui la situation évolue au plus près de chacun de nous. D’un côté la peur et l’angoisse. D’un autre côté l’insouciance et la mise en danger de la santé des autres. Au point où nos églises sont vides et appelées à vivre la communion eucharistique et spirituelle chacun chez soi.

Dans ce confinement les textes de ce jour veulent nous toucher de façon toute particulière à travers l’onction de David comme roi d’Israël et l’aveugle-né gu éri par Jésus fils de Dieu et descendant de David.

Dieu choisit David alors qu’il était le plus jeune des fils de Jessé. Comme s’il voulait nous faire comprendre que son regard se porte particulièrement sur les plus petits, sur les plus fragiles. Dieu choisit David comme roi alors que ce n’était qu’un berger comme s’il nous indiquait quelque chose d’important à venir : le Christ véritable berger de tout Israël. Dieu choisit David alors qu’il était loin de la maison avec ou près du troupeau. Comme s’il nous révélait quelque chose d’important : le berger est toujours en sortie et présent près du troupeau, là où il se trouve, à la recherche de tous ceux qui sont loin. Et c’est très intéressant de méditer en ces heures de confinement et de distanciation sociale sur la proximité du berger près de son peuple hors les murs d’église, mais Eglise chez soi.

C’est aussi intéressant de méditer sur la figure de cet aveugle de naissance identifié malheureusement de tout son être entier, au péché. C’est apparemment le seul regard porté sur lui : Un mendiant, aveugle « plongé dans le péché depuis sa naissance ».

Dieu punit-il les hommes en les faisant souffrir depuis leur naissance ? Ou même à un moment donné de notre histoire ? Beaucoup sont tentés de chercher des coupables au drame actuel ou de croire que Dieu est l’auteur des calamités en faisant un lien entre la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui et l’histoire d’Israël avant sa libération d’Egypte. De Dieu il ne peut que sortir du Bien. Il faut plutôt se mettre du côté du regard de la foi juive qui a compris que l’homme sans Dieu est limité aux limites de la nature.

Le monde s’alarme du nombre de morts ces jours-ci. Pourtant on a aussi fermé les yeux sur toutes ces morts que la solidarité, la responsabilité et la bonne mesure humaines aurait pû éviter. En clair, le monde a peut-être aussi fermé les yeux sur un adversaire tout aussi silencieux et virulent : la cécité spirituelle.

En tout cas la guérison de cet homme plongé dans le noir nous montre en fait une double guérison à la rencontre de Jésus Lumière. Oui désormais, les yeux lavés à la piscine de Siloé cet homme voit ceux qui le regardaient sans le considérer. Certains ne le reconnaissent même pas. Ils sont à leur tour aveugles. Plus encore, cet homme croit. « Il vit et il crut ». Et il témoigne à ceux qui refusent de croire comme lui désormais, face à l’évidence et au mystère.

C’est exactement la réponse de Jésus à ses disciples qui lui posaient la question sur les origines du mal chez cet homme. « Ni lui ni ses parents ont péché. C’est pour que se manifeste la gloire de Dieu en nous ».

Cette gloire de Dieu c’est la lumière de la foi qui nous aide, face à l’épreuve, face aux fragilités, à ouvrir les yeux sur l’essentiel, ce que Israël a compris en Egypte: l’amour de Dieu est la véritable lumière en ce monde, cet amour qui nous rend miséricordieux et solidaires les uns des autres, une solidarité plus que jamais nécessaire aujourd’hui et qui nous aide à regarder le monde comme Dieu le regarde : un troupeau à guider vers le pâturage paisible.

Nous croisons donc nos regards sur ces textes et nous laissons Dieu nous enseigner ceci : « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le SEIGNEUR regarde le cœur. ». Apprenons alors à changer de regard. Cherchons à regarder avec le cœur et nous verrons mieux de nos yeux. Nous comprendrons que ce qui touche les autres nous touche également puisque nous sommes Eglise, corps du Christ. Et ce qui nous touche c’est la grâce de Dieu plus forte que tout.