Le Carême est un temps de prière fervente, de larmes versées pour nos
péchés, de jeûne pour maitriser les passions, d’aumône pour être solidaires avec
les indigents.
En priant, nous reconnaissons la primauté de Dieu dans nos vies. Il est
notre créateur, notre sauveur, nous sommes à lui car il nous a créés par amour.
Les larmes nous aident à entrer dans une relation juste avec Dieu. « Oui, tu es
juste en tout ce que tu as fait…Car nous avons péché ; quand nous t’avons quitté,
nous avons fait le mal : en tout, nous avons failli » (Dn 3,27.29). Le jeûne nous
rappelle que tout le créé est bon, mais le Seigneur est la bonté par excellence et il
vaut mieux tout sacrifier plutôt que de le perdre. Enfin, avec l’aumône nous nous
souvenons que nous ne sommes que les intendants de la création et que nous
partageons les cadeaux que nous avons reçu de Dieu.
On trouve déjà le symbolisme des cendres dans l’Ancien Testament. Il
évoque globalement la représentation du péché et la fragilité de l’être. On peut y
lire que quand l’homme se recouvre de cendres, c’est qu’il veut montrer à Dieu
qu’il reconnaît ses fautes. Par voie de conséquence, il demande à Dieu le pardon
de ses péchés : il fait pénitence.
La cendre est appliquée sur le front pour nous appeler plus clairement
encore à la conversion, précisément par le chemin de l’humilité. La cendre, c’est
ce qui reste quand le feu a détruit la matière dont il s’est emparé. Quand on
constate qu’il y a des cendres, c’est qu’apparemment il ne reste plus rien de ce
que le feu a détruit. C’est l’image de notre pauvreté. Mais les cendres peuvent
aussi fertiliser la terre et la vie peut renaître sous les cendres.
Durant le temps du Carême, pour nous préparer à la fête de Pâques, nous
sommes invités à entrer dans le combat spirituel à la suite de Jésus : prier avec
lui, jeûner avec lui, partager avec nos frères comme lui.
La prière
Nous devons prendre le temps, dans une vie agitée, de nous recueillir. Prier
à l’image de Jésus qui savait prendre du temps, échappant à la foule pour la mieux
retrouver après son dialogue avec le Père. En méditant la Parole dans le silence,
en éteignant la télévision ou la radio, en évitant d’être trop dépendant des
smartphones, nous acceptons chaque jour de nous mettre quelques minutes devant
le Seigneur pour nous laisser saisir par Lui. Essayons donc de faire silence en nos
vies, de sortir de la superficialité de certains emplois du temps pour donner
priorité à l’Essentiel.
Le jeûne
L’ascèse est une réalité qui nous fait peur. Nous n’avons pas l’habitude de
nous priver même si, aujourd’hui chez nous, beaucoup de nos concitoyens vivent
dans des conditions précaires et connaissent l’inquiétude du lendemain. Mais
surtout, elle attire notre attention sur l’importance de notre style de vie. S’inspire-
t-il du Christ et des encouragements de l’Eglise ou bien, sous prétexte de
modernité, s’inspire-t-il des complicités subtiles avec la mode, les mondanités et
le péché ? Avec tous nos frères chrétiens, mais aussi avec tous ceux qui souffrent
de la faim, d’un manque de liberté ou de dignité, avec tous ceux pour qui la vie
quotidienne est une ascèse imposée, entrons dans ce jeûne du Carême comme
dans le bain d’une nouvelle naissance.
Le partage
Le but du jeûne n’est pas seulement la privation, mais le partage, l’aumône
: ce que nous avons économisé, nous sommes invités à le donner à ceux qui
jeûnent tous les jours, car ils n’ont pas de quoi s’acheter à manger. Ils sont des
millions dans le monde et des milliers en France !
Arrachons de nos vies l’individualisme et l’inertie pour nous engager au service
des plus déshérités que soi. Développons la solidarité à l’intérieur de nos
communautés ou à travers des associations ou des mouvements qui s’emploient
à rejoindre et à servir les personnes diversement fragilisées. N’oublions pas tous
ceux et celles qui, dans le Tiers-monde, vivent dans des situations encore plus
tragiques que chez nous, marqués par la malnutrition, le manque de soins
médicaux, l’extrême pauvreté, quand ce n’est pas la violence aveugle ou le
regroupement dans des camps de réfugiés où règnent misère et promiscuité.
La pénitence et la réconciliation
Ce temps de Carême ne sera véritablement conversion que si nous allons
jusqu’à l’accueil du pardon du Seigneur dans le Sacrement de réconciliation.
Le Carême est une manière d’être, de se comporter à l’égard d’autres, de
Dieu et surtout à l’égard de la création, de la nature. Que faire en ce moment où
nul ne plus douter du réchauffement climatique ? La sécheresse est là. Temps de
Carême, temps de réconciliation avec la nature d’où changement de
comportement.
Enfin, le Carême est un temps de réconciliation avec soi-même, avec les
autres, avec Dieu et surtout avec la nature par des actions écologiques. Bon
Carême à tous.