Homélie du 2è Dimanche de l’Avent par Dominique, Diacre permanent-4 Déc.22

“Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche.” 

“Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche.” Voici Jean le Baptiste. Le
voici, dans le désert. Pourquoi le désert ?¨Parce que, dans la Bible le désert est le lieu où l’on
entend Dieu nous parler. Jean ne cherche pas un lieu tranquille pour ne pas être dérangé. Il se
met en condition d’entendre la voix du Seigneur. Quels moyens je prends, moi, pour me
mettre dans de bonne conditions pour entendre cette voix ? Jean l’entend, cette voix divine, et
il s’en fait l’écho, en appelant à la conversion.
C’est un prophète très actuel. Comme nous y invite le Pape François, il est déjà… “en
sortie”, puisqu’il prêche en dehors du Temple. Très contemporain aussi par son style de vie:
voyez ses vêtements, son alimentation. L’écologie, la sobriété, il les vit complètement. On
peut même dire “intégralement”. Il pourrait être le saint patron de tous ceux qui, sur notre
quartier comme ailleurs, vivent la sobriété depuis de nombreuses années, non pas parce qu’il
l’ont choisie, mais parce que leurs moyens ne leur permettent pas de faire autrement.
Et que fait Jean dans ce désert ? Il prêche la conversion : “Convertissez-vous, car le
Royaume des Cieux est tout proche.” Aujourd’hui, quand on dit qu’on “prêche dans le désert”,
ça veut dire qu’on a beau parler, personne ne nous entend. Apparemment, ce n’est pas du tout
le cas pour Jean, il ne connait pas vraiment la solitude, puisque “Jérusalem, toute la Judée et
toute la région du Jourdain venaient à lui”. Une foule de personnes qui reconnaissent que leur
vie n’est pas ajustée à la volonté de Dieu et veulent changer quelque chose dans leur
comportement. Pour le signifier, ils viennent se faire baptiser par Jean.
En 2022, c’est à moi, c’est à nous que s’adresse cet appel à la conversion. Qui dit
conversion, dit retournement, changement. Dieu vient sans cesse à notre rencontre. Mais le
chemin n’est-il pas trop encombré par de multiples obstacles qui risquent de retarder, voire
empêcher cette rencontre ?
Par exemple, qu’ai-je à changer dans ma manière d’être avec les autres, dans ma relation à
la création, dans ma relation à Dieu ?
L’équipe qui a préparé cette liturgie a sa petite idée. A la lumière de la première lecture,
elle se dit que nous sommes appelés à ne pas juger sur l’apparence, alors que trop souvent
nous jugeons nos voisins, nos collègues, les gens que nous croisons, à partir de leur façon de
s’habiller, à la couleur de leur peau, leur accent ou leur coutumes. L’équipe nous invite donc à
accepter chacun dans sa différence. La diversité, absolument nécessaires pour bâtir l’unité. A
condition que chacun soit reconnu et ait sa place. Accueil de la différence qui permet
d’accéder à ce monde de tolérance et de paix décrit par le prophète Isaïe. Un monde qui n’est
pas seulement pour demain, mais que nous devons contribuer à bâtir dès aujourd’hui.
Ils contribuent à le bâtir ce monde de paix, ce royaume des cieux, tous ceux qui travaillent
pour que soit reconnue la dignité de chacun quelque soit sa condition, son travail, son grand
âge ou sa maladie, etc… Et aussi tous ceux, chrétiens ou non, qui ouvrent leur porte pour
accueillir des réfugiés, et ces enseignants qui ont mis des salles à dispositions de familles la
nuit pour que les enfants puissent dormir à l’abri et continuer leur scolarité. Tous ceux-là ont
entendu l’appel de Jean Baptiste, ils se sont convertis, abandonnant le chacun pour soi pour
servir leurs frères. Ils ne pratiquent peut-être pas la messe, mais ils pratiquent l’Evangile, et ils
nous évangélisent.
Je pense aussi à l”‘équipe du 6″, qui va à la rencontre des personnes à la rue. Ces hommes,
ces femmes peuvent faire peur à certains, mais quand on se fait proches d’eux, que l’on entre
en relation avec le cœur ouvert, on découvre des sœurs et des frères comme nous, avec des
galères, mais aussi avec de grandes richesses.
Cela demande un changement de regard qui va bien aussi avec le souci, exprimé par Isaïe,
que la justice soit rendue aux humbles et aux petits.

Sans doute, Jean Baptiste disaient des choses en ce sens, lui aussi. Et il les disait sans
prendre de gants en s’adressant aux pharisiens et aux sadducéens : “Engeance de vipère !…
Produisez un fruit digne de la conversion.” Assurément, il ne suffit pas de se dire descendants
d’Abraham pour être sauvés. L’équipe de préparation disait : “Il ne suffit pas d’être fidèle à la
messe du dimanche pour se croire sauvés. L’important, c’est le souci de la justice, de l’accueil,
de l’attention à l’autre”. Tout cela en prenant soin en de respecter nos diversités.
Jean, lui, parle comme Jésus : “Le royaume des Cieux est proche…, convertissez-vous…,
engeance de vipères…”. Mais il ne se prend pas pour le Messie : “Celui qui vient derrière moi
est plus fort que moi. Moi, je vous baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et
dans le feu.” Il reste à son humble rang de serviteur. Dépouillement dans son mode de vie et
dépouillement intérieur, disponibilité à sa mission. Il annonce, il prépare.
Préparons, nous aussi, le chemin du Seigneur en le nettoyant de tout ce qui l’encombre, en
faisant le ménage dans notre cœur, dans notre esprit, en écartant et supprimant tout ce qui
pollue notre relation aux autres et à Dieu. Car il ne peut pas y avoir de conversion sincère vis-
à-vis de Dieu, s’il n’y a pas, en même temps, une conversion sincère vis à vis de nos sœurs, de
nos frères.
Et même une conversion vis-à-vis du monde qui nous entoure, ce monde que Dieu nous a
confié. Dans son encyclique Laudato ‘Si, le Pape François consacre quelques pages à ce qu’il
nomme une “conversion écologique” (n°216 à 221). Il souhaite une “conversion intégrale de
la personne”. Il écrit : « une vraie approche écologique se transforme toujours en une
approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour
écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres ». Car “Tout est lié”. Nous le
savons bien, ce sont les plus pauvres qui souffrent davantage du dérèglement climatique
comme des injustices sociales. Notre mission est de prendre soin de chacun.