Un évangile assez bref de 8 lignes à peine mais qui reprend 4 fois le même verbe : Veiller. Et on ne peut pas dire qu’il nous échappe cet appel à veiller. Bien au contraire. C’est suffisamment dit de veiller pour que cela attire notre attention et notre vigilance.
C’est une période particulière que nous entamons. Le temps de l’Avent. Qui nous conduit à Noel. C’est un contexte de toutes sortes d’épreuves : sanitaire, colère, injustice, incompréhension, sentiment de ne pas être écouté et entendu, respecté et compris. On peut évoquer plein de choses. Et c’est dans ce contexte que nous entendons cet appel : Veiller. Alors veiller sur qui ? Veiller sur quoi, avec qui et comment ?
Si on se réfère à l’Evangile, il s’agit de veiller au retour du maître. C’est une préparation au temps eschatologique, à la rencontre avec le Christ ressuscité. Puisqu’il s’agit d’une période que personne ne peut prévoir. C’est une période difficile d’attente et d’espérance malgré les moments de turbulences de nos vies.
Comme le peuple juif en exil qui dans son épreuve, dans l’impatience et la souffrance, dans le sentiment d’abandon mais aussi dans la pénitence, disait « ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais. Mais maintenant Seigneur c’est toi notre Père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes. Nous sommes l’ouvrage de ta main ». Nous sommes l’argile et Seigneur Toi Tu es le Potier. Dans les épreuves qui nous accablent, il s’agit de se laisser façonner par Dieu.
Se laisser façonner par Dieu, comme l’argile qui est travaillé par la main de Dieu. Ce n’est pas la main d’un expert, mais la main du Créateur qui nous refait. Quelle belle image. L’argile en mouvement pétri d’eau qui passe d’une forme à une autre, avec patience, dextérité, jusqu’au bout de l’effort. C’est ainsi que Dieu qui nous façonne, refait nos forces, nous aide à passer d’une forme dispersée en une unité intérieure en nous, cette unité qu’on peut appeler paix, guérison, consolation.
St Paul nous rappelle que Dieu est fidèle à sa créature et à sa création « lui qui vous a appelé à vivre en communion avec son fils Jésus Christ Notre Seigneur ». La fidélité de Dieu est une invitation à la confiance, comme Isaie nous en donne l’image de l’argile et du potier. Et l’Evangile va exprimer plus clairement encore cet appel à la confiance derrière l’appel à veiller.
Il en est comme du Maître de maison qui part en voyage et quitte ses serviteurs en leur laissant tout pouvoir avant son retour. Si nous sommes appelés à veiller au retour du maître, il y a un plus grand trésor qui nous est laissé entre les mains et sur lequel nous devons également veiller maintenant : « il nous a laissé tout pouvoir ». Ce trésor ce n’est pas le pouvoir en lui-même, mais la confiance qu’il nous accorde de nous laisser « tout pouvoir » : Le pouvoir d’aimer, le pouvoir de pardonner, le pouvoir de servir, le pouvoir d’être frère. Une façon de dire comme Paul « Je peux tout en celui qui me fortifie » Philippiens 4, 13.
Garder et veiller sur la confiance que Dieu met en nous en lui faisant confiance, telle est notre prière. Tel également peut être notre engagement dans tout ce que nous mettons en place comme projet. Sans confiance, il n’y a pas fraternité. Sans confiance il n’y a pas de communion de différences. Sans confiance il n’y a pas de persévérance dans l’épreuve et d’espérance en l’avenir. « Ce que je vous dis là, dit Jésus, je le dis à tous, veillez ». Veiller les uns sur les autres, veiller sur son propre bien-être spirituel, veiller sur les grâces reçues, la richesse de la fraternité, Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ! Amen !