Homélie du 18 octobre 2020 – Matthieu 22, 15-21

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Un appel à séparer ce qui est humain de ce qui est divin, de dire que ce n’est pas du même ordre tout en restant complémentaire ?.

Tout ce qui est humain est fragile même sous les apparences de puissance, limité et périssable. Tout ce qui est divin est éternel. Cependant nos actes peuvent nous rapprocher de Dieu et de nos frères et l’action de l’Esprit Saint nous guide à faire ce qui est bien.

Les Hérodiens, partisans des romains et les pharisiens qui sont opposés veulent « piéger » Jésus en lui faisant affirmer une réponse qui devrait l’opposer à l’un des camps. Tentation, division voilà bien une œuvre qui s’oppose au tout amour de Dieu. Le Dieu, Père des miséricordes dans le Christ et par l’Esprit Saint est au dessus de nos différences et de nos calculs. Il est présent à chacun et il s’offre gratuitement agissant en tout être humain qui veut l’accueillir et se laisser conduire.


Dans la première lecture, extrait du second livre d’Isaïe intitulé le livre des consolations, le roi perse Cyrus a vaincu les babyloniens qui avaient déporté le peuple juif, le peuple de l’alliance, c’est lui qui va les faire revenir vers Jérusalem. Cyrus a été l’instrument que Dieu s’est choisi pour accomplir ses promesses. Pourtant Cyrus ne connaissait pas le Seigneur, on peut même supposer que dans sa tête de roi victorieux il y avait d’autres motivations personnelles de grandeurs, même s’il a des pratiques plus humaines : il ne tue pas les vaincus et libère les prisonniers. Retour du peuple à Jérusalem, par ce choix Dieu trouve un serviteur et une réponse par le consentement d’un roi terrestre. Pour Israël, le peuple choisi, c’est un témoignage de la présence de Dieu, il ne l’a pas abandonné, il est le Dieu fidèle et son alliance est de toujours a toujours. Il est un Dieu unique. « Je suis le Seigneur et il n’en n’est pas d’autres » Dieu permet cette liberté d’action pour faire des choses bonnes et constructives.

Obéir à Dieu il s’agit d’une réponse libre Il ne s’agit pas de pantins qui obéissent aveuglément. Jésus dans son éclairage sur le paiement de l’impôt n’est pas révolutionnaire, un opposant, il est appelé maître « qui est toujours vrai et qui enseigne le chemin de Dieu en vérité ». En polémiquant ses contradicteurs affirment une vérité sur Jésus, sur sa liberté qui ne juge pas selon les apparences.

Chacun doit s’approprier cette vérité pour agir de façon constructive et bienveillante. En tant que chrétien chacun à besoin d’examiner ce qui parait juste et vrai afin de discerner le chemin qu’il doit prendre à la fois pour sa vie personnelle, la vie en communauté, en société et sa vie avec Dieu. Il s’agit d’un tout. En Eglise nous parlons de prières de paroles et d’actes, même si nous voulons les séparer, elles s’édifient l’une l’autre. De toute manière il y aura une volonté et une soif d’avancer sur un chemin et quand Paul s’adresse aux Thessaloniciens il se souvient « de leur foi active, de leur charité qui se donne de la peine et leur espérance qui tient bon dans le Seigneur Jésus Christ en présence de Dieu notre Père » c’est tout un programme. Nous pouvons constater que la foi, la charité et l’espérance c’est ce qui anime tout croyant pour vivre en présence de Dieu. C’est comme un moteur qui nous permet d’avancer sur un chemin de vie de prières et d’actes. Cela ne gomme pas les difficultés de la vie quotidienne mais concoure à éclairer, et à encourager pour empêcher de sombrer dans la désespérance. Tout peut participer à notre vie avec nos frères et sœurs et avec Dieu et c’est dans la relecture que nous pouvons nous en apercevoir. L’incarnation du Christ dans notre vie n’est pas une option, elle est réelle et efficace « tout comme l’évangile n’est pas une simple parole mais puissance et action de l’Esprit Saint ». Elle fait partie de notre foi. Jésus Christ est venu parmi nous pour nous apporter le salut en nous faisant participer à sa divinité. Il s’est abaissé jusqu’à nous pour nous entrainer à sa suite, pour nous élever. Toute notre vie ne suffira pas pour que notre connaissance puisse approcher cette réalité tellement elle nous dépasse.

Quel abaissement pour quelle résurrection, rendons grâce à Dieu pour tant d’amour prodigué tout en nous laissant libres de choisir, libres de le servir en servant nos frères humains, libres de construire un monde plus juste, un monde plus fraternel, un monde voulu par le Créateur dans le respect de la vie des humains voulus à l’image et ressemblance de Dieu.

En ce jour de la mission universelle de l’Eglise, soyons des êtres de désir pour ce monde en vivant de l’amour de ce Dieu qui aime chacun.