DIMANCHE 11 OCTOBRE 2020 – 28E DIM TEMPS ORDINAIRE A – HOMELIE DU P VAST-AMOUR ADJOBI

Dans l’Evangile de ce jour, Jésus compare le Royaume à une grande salle de fête ; et pas pour n’importe quelle fête, les noces de fils du roi. Le roi lance les premières invitations. On peut penser au peuple juif à qui a été adressé en premier la Parole. D’autant plus que de nombreux juifs se sont montrés infidèles à Dieu, et que les pharisiens et les grands prêtres eux-mêmes vont comploter pour mettre à mort le Fils de Dieu, comme des prophètes ont été persécutés. Jésus rappelle l’histoire en quelques exemples qui touchent notre quotidien. 

Voici donc que c’est une grande fête de noce, une fête que la première lecture tirée du livre de Isaie présente comme un « festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés ».

Mais les invités préfèrent aller à leur champ, ou à leur commerce. Est-ce même mauvais d’aller à son champ pour cultiver la terre ? Sans agriculteur nous n’avons pas de tomates, d’oignons, de sauce pour savourer la viande. Est-ce aussi mauvais d’aller à son commerce ? Sans commerçant les cultivateurs ne vivent pas de leur labeur et les ménages n’en reçoivent rien. Il n’y a pas de vie sur terre. Mais pour bien vivre, les invités ont préféré à Dieu, ce qui leur était important pour eux-mêmes. Ils n’ont pas réalisé que Dieu est plus important que tout puisqu’il invitait tout le monde à la fois pour se réjouir ensemble. Ils ont préféré leur propre bonheur au bonheur auquel Dieu les invitait tous. On peut comprendre que Paul nous dise dans la seconde lecture : « je peux tout mais en celui qui m’en donne la force ». Ph 4, 14.

Alors le roi, lance un second appel. Il s’agit de toutes les Nations, il s’agit de tous les peuples comme le dit Isaie « le Seigneur préparera pour tous les peuples un festin », il s’agit de tous ceux qui sont à la croisée des chemins, les mauvais comme les bons. Il n’y a plus ni juifs ni païens. La salle est remplie de convives qui ont répondu spontanément à l’appel de Dieu, et ils sont venus immédiatement, surtout, comme ils étaient.

Mais on peut s’étonner alors que le roi pose cette question à un invité en particulier : « mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? ». On peut penser à un interrogatoire accusateur et l’autre garderait le silence comme un voleur. Mais on peut aussi penser à une ultime perche tendue, un appel définitif du roi qui, en fait, n’arrête pas d’inviter : « veux-tu un vêtement de noce, si d’aventure tu n’en as pas pour rester ici ? » Et alors ce silence n’est plus une réponse. Il me rappelle ce proverbe burundais « Dieu s’appuie sur toi-même pour t’aider ». Sans toi-même, Dieu ne peut te rendre digne.

On peut comprendre que sans vêtement de noce, personne n’est digne du royaume. « Le repas des noces est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes ». C’est quoi être digne du repas ? Souvenons-nous que nous reprenons cette parole avant de prendre part au repas de l’eucharistie : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Il ne s’agit pas de mériter d’être reçu au repas du Seigneur, mais de comprendre que ce n’est que pure grâce. Il s’agit pour cela de se laisser habiller par Dieu qui nous invite gracieusement à son repas. « Et ainsi je serai guéri éternellement par Dieu lui-même » et non par moi-même. « Mon ami comment veux-tu rester ici si tu n’acceptes pas un minimum de transformation de toi-même par la grâce d’un autre, et à vrai dire, de conversion intérieure ? »

Une seule chose nous est donc demandée : en disant oui à l’appel de Dieu, se laisser transformer par l’Amour de Dieu. C’est ainsi que nous pourrons être des serviteurs agréables au service des autres. C’est ce que les premiers invités ont manqué de faire : oui pour aller au champ, à son commerce, mais avant tout, être revêtu de l’amour de Dieu, afin d’être dans l’agir social ressourcé de l’amour de Dieu. C’est pour cela nous estimons que le Dimanche est le jour qui ouvre la semaine de travail et non le dernier jour de la semaine après le travail.

Ce vêtement certes c’est donc l’amour, mais pas que, c’est la grâce de l’amour qui est en Dieu. Oui nous venons tel que nous sommes. Et nous nous laissons revêtir par Dieu dans son Amour. Souvenons-nous de l’hymne à l’amour de Paul : sans amour, toute œuvre accomplie n’est que pure vanité. « Beaucoup sont appelés, mais les élus sont ceux qui acceptent d’être aimés de Dieu, et ainsi, d’entrer dans son Amour, de comprendre toute chose à la lumière de cet amour, Source et Fin de tout ; Lui qui règne pour les siècles sans fin. Amen !