11 MAI: DE-CONFINEMENT-TEST

Et C’est reparti ! Mais non sans ce que nous avons apprécié dans tout ce qui nous aura manqué dans ce confinement.

Chers paroissiens et paroissiennes, ensemble comme famille solidaire de la terre.

Ce dimanche 10 Mai à 20h, les français, de leurs lieux de confinement, continueront à applaudir tout le corps médical et les services d’Etat associés. 52 curés d’ille et vilaine feront sonner les cloches des églises pour s’y associer, en prenant en compte tous les services de transport, de restauration et d’entretien, restés en éveil pour assurer la continuité de la vie. Nous sommes à la veille d’un test grandeur nature de déconfinement, la France somme toute coupée en deux couleurs, la liberté mise en rouge ou en vert selon ses régions.

Il est légitime que l’attente d’un retour laisse place à un fort désir de recommencement de la vie connue avant le surgissement de cet inconnu, et partant, à la question mise à jour des réouvertures de nos églises et la possibilité de nos rassemblements religieux dans l’ardeur des retrouvailles. Mais doit-on reprendre cette vie haletante sans tenir compte de ce que nous avons pu re-découvrir alors que presque tout nous semblait manquer ?

Alors que l’expression « distanciation sociale », allant son chemin dans les attitudes, laisse de plus en plus la place à celle de « distanciation physique », nous découvrons comment tout est lié : de la survivance d’une bactérie en pleine mutation à la connexion universelle de tout ce qui touche à l’humanité en mouvement et en travail. Nous apprendrons mieux désormais à vivre avec la beauté et les imperfections de la nature pour améliorer notre vie au monde et prendre conscience de nos propres imperfections humaines et sociales.

Alors que le confinement s’était imposé comme la solution d’urgente efficacité, nous avons appris à nous arrêter de cet arrêt contraignant afin de découvrir librement en nous-mêmes ces essentiels noyés dans l’ébullition de nos urgences vitales. Nous comprenons qu’on peut faire le sacrifice de l’argent plutôt que le sacrifice guidé par l’argent.

Alors que nous réfléchissions au maintien du lien social, nous nous souvenions de ces précieux outils technologiques de communication qui ont tôt fait d’être mis en surcharge et de faire naître de l’écranomanie dans leur usage. Nous jugeons d’emblée de la nécessité de ces moyens et tous les risques qu’ils comportent. Nous comprenons que la technique reste impersonnelle et est à l’usage utile, créatif et éclairé des personnes capables d’en prendre liberté, et de tenir une hygiène de vie socio-spirituelle.

Alors que les portes des églises ont été fermées à toutes cérémonies publiques et toute activité associative fortement ralentie, nous avons découvert toutes ces inventivités qui ont permis le contact avec les personnes fragiles, de rester à l’écoute des souffrances de l’entourage immédiat, et plus encore, nous avons pu re-découvrir la richesse de la communion spirituelle et la beauté de nos églises domestiques en manque de l’Eucharistie célébrée en grande assemblée, le partage de la parole, la diaconie toujours à l’œuvre qui a gardé par ses arcanes, les portes de l’Eglise ouvertes au service et à l’autrement présent.

Il a manqué tellement de choses : nos enfants en catéchèse et nos jeunes en aumônerie qui y prennent des repères, les sourires, les rires, les regards, les chants que les masques cacheront pour un peu de temps encore, les épaulements qui devront aussi patienter, mais aussi les visites dans les Ehpad, les hôpitaux, les réunions, les accompagnements en présentiel, la grande assemblée du dimanche, la deuxième messe de 11h30 à la sortie de l’Eglise, où l’on reste à ne plus vouloir partir ? La fraternité n’en a pas souffert. La solidarité a brillé de son expression plus valorisée que vulgarisée.

L’on ne saurait repartir dans les semaines à venir lorsque cela sera effectivement possible, comme si rien n’était venu à nos entendements en des interpellations, des rappels, des remises en question. Les gestes barrières intègrent notre mode de fonctionnement, la responsabilité citoyenne prend davantage du sens à travers toutes les générations, le travail de l’éboueur est aussi respecté que celui du député qui vote les lois, les couturiers de profession et de fortune ont goûté aux mêmes honneurs, loin de toute valeur évaluée à la calculette.

Alors, repartir, mais où et comment ? Il n’y a pas d’autre objectif que celui qui a toujours été la mission de l’homme : c’est d’être humain. Dieu s’est fait homme pour nous montrer comment. Doit-on rappeler à l’homme que sa racine et son origine biblique coïncident en le tirant de l’humus, la terre, terreau de l’humilité, réalité que cette pandémie nous a brusquement rappelée ? « Je suis doux et humble de cœur », nous dit le Christ Bon berger, porte de l’enclos des brebis qui s’humanisent à l’appel de l’Amour. Il nous conduit ainsi du fini à l’infini.

Humblement reprendre nos assemblées à l’avenir, maintenir la vitalité de nos églises domestiques, cellules vivantes dans nos quartiers, qui ont pour source nourrissante, l’assemblée communautaire du dimanche. C’est la Grande Famille qui reçoit l’envoi de toutes les familles dans la Paix du Christ afin que nous soyons pour terre, sel et lumière. Le monde humain n’étant pas ainsi sans dire Dieu dans la prière et le service. Nous partons de l’oraison à la raison, de la raison à l’action, de l’action à l’action de grâce. Pareillement, des merveilles des actions, nous entrons en action de grâce de tous projets nourris par le cœur ouvert à l’oraison. En tout temps et en tout lieu. Préparons-nous au mieux à prendre autrement le chemin de la vie ensemble, priante et agissante.Père Vast-Amour ADJOBI , Curé de la paroisse STE Elisabeth, R