Homélie du 29 septembre 2019

Nous sommes à l’ouverture de la rentrée pastorale de notre paroisse, à la veille du mois missionnaire que le Pape François souhaite pour toute l’Église. A l’appel de Mgr D’Ornellas qui nous invite à regarder la famille comme lieu d’épanouissement de l’Eglise, nous allons vivre ensemble une année liturgique dans un élan missionnaire où la réalité de la famille prendra toute sa place. C’est pourquoi le thème de notre année s’intitule « ensemble s’accueillir différents comme famille ».

L’Évangile de ce jour nous présente d’emblée une grosse différence de situation sociale : Lazare le pauvre et le riche inconnu. Tous les deux vivaient presque dans un même espace. Tous les deux partagent la même condition : la mort. L’image de la fournaise qui fait souffrir le riche à sa mort c’est le sens du manque d’amour qui fait souffrir. L’enfer c’est le lieu sans Dieu, donc sans Amour. Comme ça fait souffrir de ne pas être aimé. Une porte les séparait, la porte de la maison et du confort contre la rue et le trottoir. La maison c’est l’abri de la famille. Mais il y a des familles qui sont sans abri. Ou il y a des murs de séparations dans une même famille.

Le pauvre voyait le riche et le riche ignorait le pauvre. Le pauvre était dans le besoin et le riche était dans l’opulence. Or avoir besoin de l’autre cela permet de le considérer, de le regarder, de le reconnaitre. Mais quand on est comblé de tout, la tentation est grande de ne plus voir que le besoin de se réjouir pour soi-même sans voir les autres. On ne fait plus attention. Or dans la famille on doit faire attention à l’autre. Et alors ce que Jésus condamne ce n’est pas la richesse elle-même, mais les tentations de l’opulence qui rendent sourd et aveugle, le refus de voir l’autre comme celui qui a nécessairement besoin de l’autre, ou celui de qui on peut avoir besoin.

Oui nous avons tous besoin d’aller les uns vers les autres et de pouvoir se considérer comme une famille avec nos différences. Aujourd’hui encore des Lazare dans la rue sont nombreux. Ils ont besoin d’être considérés. Ils ne sont pas que dehors ces Lazare. Ils sont aussi dans nos maisons, nos communautés paroissiales, près de nous. Ceux qui ont besoin d’être considérés dans leurs fragilités ou simplement comme des amis, des frères, des sœurs. Être reconnu c’est important. Quand un enfant naît, il a besoin d’être reconnu. C’est important pour le lien en famille.

Dans de nombreuses familles biologiques ou, au sens le plus large, le besoin de l’autre s’est rompu pour des raisons diverses. Pouvoir être reconnu alors que nous ne sommes pas de même la famille et du même sang, de même rang social ou de même culture, c’est soigner ces Lazare blessés d’être rejetés et inaccepté. La famille est un beau projet, c’est une belle appellation tellement merveilleuse, qui ne doit pas faire oublier toutes les souffrances qu’elle peut cacher. Mieux elle vient guérir toutes ces plaies cachées.
Ces plaies, ce sont la stérilité qui empêche de voir les autres fécondités dans le couple, l’individualisme qui tue la communion, l’éducation qui est rendue difficile à cause des influences des réseaux sociaux, les différences qui sont mal vécues, les séparations qui détruisent les enfants, les abandons et les trahisons qui fragilisent des vies, la maladie qui éprouve la patience de l’amour, la pratique religieuse et les convictions qui sont parfois opposées. Il n’y a pas de famille parfaite mais des familles qui cherchent à se construire de la meilleure des façons en vue de promouvoir l’amour et la vie, l’humain et le divin.

Il n’y a surtout pas de famille sans projet collectif basé sur l’amour. Le riche inconnu n’a pas voulu associer Lazare à ses réjouissances. C’est pourquoi nous voulons essayer d’être attentifs à toutes les fragilités et être des missionnaires de la rencontre de l’autre cette année. Pouvoir donner de la place à chacun dans notre famille. C’est notre projet pastoral. Mettre la famille dans toutes ses expressions au centre de l’amour de Dieu. Se réjouir avec ceux qui s’émerveillent, compatir avec ceux qui souffrent, souvent dans le secret, s’ouvrir à ceux qui se sentent jugés et rejetés. Pour ensemble nous accueillir différents comme famille. Or de quoi a besoin un enfant ? Un ventre plein, une couche propre et un câlin. C’est-à-dire, considérer les besoins des autres, prendre soin des autres, aimer les autres.

Alors pourquoi pas au cours de cette année, rendre visite à des personnes ou des familles qui le souhaitent, qu’elles s’inscrivent afin que nous soyons présents chez vous, près des personnes qui reçoivent chez elles la communion, mais aussi susciter des missions pour être au plus près de ceux qui sont loin. Participer à la messe dans nos deux EHPAD lundi et Mardi. Pourquoi pas ensemble travailler à faire réussir le projet territoire zéro chômeurs dans notre quartier, s’engager dans des services de la paroisse, donner du temps pour accueillir ou accompagner des familles de migrants.
Pourquoi pas avoir des temps de prière en famille et être en intercession, afin de bénir Dieu pour toutes nos familles mais aussi pour toutes situations difficiles. Pourquoi pas nous sentir être en famille quand nous nous retrouvons et quand nous nous dispersons. C’est notre mission à tous et à tous les niveaux. Et des pistes très concrètes comme au début de nos messes, après les salutations d’usage, garder le silence pour écouter l’animateur qui nous accueille par une parole. C’est aussi cela l’esprit de famille où nous nous écoutons. Avoir des messes de familles plus dynamiques et participatives, avec les enfants et les animateurs de la catéchèse. Bonne rentrée pastorale en Christ.

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE 2019 26ème DIMANCHE TEMPS ORDINAIRE C HOMÉLIE DU P. VAST-AMOUR ADJOBI