HOMELIE DU 3è DIMANCHE A DU CARÊME-12.03.23, par Vast-Amour

DIMANCHE 12 MARS 2023 3e DIM DE CAREME A HOMLIE DU PA VAST-AMOUR ADJOBI

Tout commence par la rencontre improbable de deux personnes au bord d’un puits. Un homme, religieux juif et une samaritaine, seuls. Juifs et samaritains ne prient pas ensemble, chacun dans son temple. Les samaritains sont considérés par les juifs comme impurs. Cette femme a eu 5 maris et vit avec un homme sans être mariée. C’est donc une rencontre mal perçue. Mais si la femme est sans alliance, Jésus est l’homme de l’alliance. Et voici qu’une relation qui se construit. Jésus entre dans le secret de la vie de la samaritaine. Et la samaritaine découvre progressivement que cet homme Jésus, c’est plus qu’un prophète, c’est le messie, c’est-à-dire, le Sauveur. Elle fait sa profession de foi. Socialement, elle a certainement du courage cette femme. Mais sa vie n’est pas heureuse. Plus que du courage, il lui manque quelque chose. Elle a soif.

Cette soif nous l’avons aussi entendue chez le peuple dans le désert dans Ex 17. Le peuple assoiffé se met en querelle avec Moise, avec Dieu. « Le Seigneur est-il oui ou non au milieu de nous ? » Dieu se manifeste-t-il encore pour son peuple comme le sauveur ? Il y a sans doute, de nombreuses soifs aujourd’hui dans notre monde, dans notre Eglise marquée par les insatisfactions et les coups de la vie et des hommes. Pour ceux qui ont perdu le goût de vivre, la confiance en eux et dans les autres, ceux qui sont marqués par des blessures profondes liées aux circonstances de la vie, une perte de repère, de sérénité, un assèchement spirituel, qui traversent des doutes sur la foi, sur l’action de Dieu. La soif de cette femme est ici plus dense qu’une simple eau de puits.

C’est une soif d’espérance dans son cœur qu’elle recherche. Au moins un mariage avec le 6e homme de sa vie. Mais elle rencontre surtout un 7e homme, Jésus, l’espérance. Comme St Paul le dit dans la 2e lecture : « Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs ». Alors, le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous ? Ce n’est pas anodin de lire que « Jésus est fatigué » et qu’il « cherche à boire ». Il fait jour et il est midi, l’heure où pointe la lumière du soleil au plus haut. Une manière toute concrète et humble de montrer la présence de Dieu au monde, comme la lumière du monde.

Cette femme, une étrangère, comme l’humanité assoiffée qui a tout essayé par elle-même, a soif. Et Jésus aussi a soif de donner à boire à celle qui a soif. Ce rocher sur le mont Horeb duquel sort l’eau au désert, c’est le Christ au bord du puits à Samarie ; c’est le Christ dans l’Eucharistie aujourd’hui pour le monde. Il nous dit : « Si Tu savais le Don de Dieu c’est toi qui me demanderais à boire et je ferai jaillir en toi une source jaillissant d’eau vive ».

Et quel est ce Don de Dieu ? « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils afin que quiconque croit en lui, ait la vie éternelle ». Le Don de Dieu c’est Quelqu’un qui nous aime jusqu’au bout, Jésus, ce rocher dans le désert, l’Amour de Dieu dans nos sécheresses. C’est le baptême qui nous donne part à l’Eucharistie, où Jésus continue de se donner. Si nous cherchons à rencontrer Jésus, nous pouvons le trouver dans ceux que DIEU NOUS DONNE.

 « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu tu l’adoreras lui seul, de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Et Jésus ajoute aujourd’hui : « L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ». Qu’est ce que cela veut dire concrètement. Non pas d’abord l’acte liturgique et une dévotion personnelle devant le Saint sacrement. Mais être convaincu et reconnaitre que dans le monde, là où il y a la manifestation de l’amour qui va jusqu’à la miséricorde, c’est Dieu qui agit et rendre grâce pour cette action de Dieu en rendant nous-même témoignage de cet amour, cet Amour qui nous rend frères et sœurs. Nous chrétiens, nous reconnaissons Dieu dans le citoyen qui agit par Amour.

Cela veut dire concrètement que nous reconnaissons que, tout le monde peut s’occuper de tout le monde professionnellement et bénévolement, avec amour, et nous savons que Dieu agit. Mais quand le chrétien s’occupe de quelqu’un professionnellement ou bénévolement, il ne fait pas de l’occupationnel, il rend témoignage que Jésus Christ agit en lui, et c’est Jésus Christ qu’il sert dans l’autre qui a besoin. Ainsi c’est notre regard et notre attitude qui sont transcendés de Dieu lui-même. Ainsi nus adorons Dieu et pas nous-mêmes.

Alors l’autre devient pour nous un véritable don de Dieu, un frère, une sœur. La fraternité, plus qu’un simple mot, une véritable mission à vivre en vérité. Non pas les uns à côté les autres, mais chacun à la rencontre de la différence et dans l’humilité, comme Jésus a osé la rencontre avec la samaritaine. Et je veux bien rappeler cette image de l’humilité que nous exige la fraternité. Soit, nous sommes une corbeille de fruit, soit nous sommes une salade de fruits. Dans une corbeille de fruits, les fruits sont seulement les uns à côté des autres, tout entiers, sans se donner. Mais dans une salade de fruits, les fruits sont composés et imbriqués, les uns avec les autres, les plus gros coupés en plusieurs, pour être petits avec les petits et ensemble être savoureux. Voici le don de Dieu. Seigneur donne-nous le discernement de la joie du frère et de la sœur dans ce chemin de conversion, toi qui viens à notre rencontre, pour nous abreuver de toi, Qui règne sans fin. Amen !