HOMELIE DU 33è DIMANCHE ORDINAIRE PAR DOMINIQUE HOUSSAY, Diacre permanent

Jésus-Christ s’est fait pauvre à cause de vous”
6ème journée mondiale des pauvres – 13 novembre 2022

 
Qui ne s’est pas arrêté un jour ou l’autre devant une grande église ou une cathédrale en
admirant son style gothique ou roman. Pour nous, à Saint Joseph, c’est le style …”provisoire”,
qui dure. Mais on l’aime bien comme ça ! A Saint Benoît, c’est le style “alvéole”, qui peut
faire penser à la solidarité d’un essaim d’abeilles. On y est plus proches les uns des autres. Et
en plus c’est dans l’air du temps, c’est la sobriété… architecturale. Et puis, surtout, nous, grâce
à Jésus, nous avons compris que ce qu’il faut admirer, ce sont les cœurs de ceux qui se
réunissent dans nos églises. Pierres vivantes de l’Eglise, corps du Christ. Pierres solidaires
entre elles et rayonnantes Pierres vivantes solidaires avec ceux qui ne fréquentent pas nos
célébrations. Et solidaires des plus pauvres, des plus démunis.
La solidarité en acte, c’est ce qui nous a été partagé à travers le témoignage de Jean-Luc et
de Floriane, au début de cette célébration. L’attention aux plus précaires. Faire un bout de
chemin avec eux. Avoir le souci d’écouter leur récit de vie, de mettre en valeur leurs
compétences, leurs talents. C’est ce qui a été vécu lors l’itinérance d’étonnant voyage. Comme
cela a été le cas également le 11 juin dernier, place du bas des Lices avec l’évènement
“Ateliers créatifs” organisé avec des personnes à la rue.
La solidarité, le Pape François en donne sa propre définition dans le message qu’il a écrit à
l’occasion de cette 6 ème journée mondiale des pauvres. Il dit : “La solidarité, en effet, c’est
précisément ceci : partager le peu que nous avons avec ceux qui n’ont rien, afin que personne
ne souffre. ” Or, partager n’est pas une exclusivité des chrétiens. Nous le constatons au
quotidien et à chaque fois qu’il est fait appel à la générosité de tous pour faire face à des
catastrophes naturelles ou pour accueillir des réfugiés fuyants la guerre. Ce qui distingue les
croyants que nous sommes, c’est que nous affirmons que ce sens du partage et du don trouve
sa source en Dieu. C’est d’ailleurs ce que dit encore François : “En somme, la générosité
envers les pauvres trouve sa motivation la plus forte dans le choix du Fils de Dieu qui a voulu
se faire pauvre Lui-même.” “Jésus-Christ s’est fait pauvre à cause de vous” dit l’apôtre Paul
dans sa deuxième lettre aux chrétiens de Corinthe. Oui, Dieu s’est fait pauvre en Jésus. Il est
né parmi les pauvres, il a vécu sobrement : “Le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête”. Il
a fréquenté les publicains et les pécheurs, s’est laissé touché par la souffrance des malades et
des exclus. Enfin il a été mis à mort comme un malfaiteur. Et c’est ce chemin qu’il nous
propose d’emprunter avec lui, à sa suite. “Celui qui m’aime, qu’il prenne sa croix et qu’il me
suive”. Aussi le Pape nous rappelle les parole de l’apôtre Jacques : “Mettez la Parole en
pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion.”
Ce à quoi François ajoute : “Face aux pauvres, on ne fait pas de rhétorique, mais on se
retrousse les manches et on met la foi en pratique par une implication directe qui ne peut être
déléguée à personne.” J’entends cela comme une invitation qui m’est faite, qui est faite à
toutes et à tous de ne pas faire de grands discours face aux situations de pauvreté (y’a qu’à…,
il faut que…, ce que l’on entend souvent), mais plutôt d’agir nous-mêmes, concrètement, sans
attendre que les autres fassent à notre place. Et un peu plus loin le Pape ajoute :”Personne ne
peut se sentir exempté de la préoccupation pour les pauvres et pour la justice sociale”. Ce qui
est encore un appel à se donner à cette cause, en ne cherchant à faire “pour” les pauvres et
“sans” eux, mais plutôt “avec” eux.
Dans son message, le Pape développe aussi l’idée d’une pauvreté qui rend riche, la vraie
richesse ne consistant pas dans l’accumulation de trésors, mais se trouvant, nous dit-il, “dans
un amour mutuel qui fait porter les fardeaux les uns des autres afin que personne ne soit
abandonné ou exclu.”
Pauvreté du Christ qui nous donne le salut, la vie en abondance. Pauvreté du Christ qui
nous enrichit” nous dit le Pape .”La richesse de Jésus, nous dit-il, c’est son amour qui ne se
ferme à personne et va à la rencontre de tous, en particulier de ceux qui sont marginalisés et

privés du nécessaire.” C’est ce que vivent beaucoup parmi nous, individuellement ou en
groupe.
Soyons disponibles à l’action de l’Esprit Saint en nous. Il nous inspirera en temps voulu la
parole ou le geste qui convient, même face à des situations difficiles. Jésus lui-même nous
prévient que nous serons bouleversés, choqués, révoltés par des évènements inattendus. Nous
les affrontons en ce moment, tant au niveau de la société que de l’Eglise. Nous sommes tentés
de désespérer, de quitter le bateau qui semble sombrer. Mais gardons confiance. Jésus vient à
notre rencontre sur la mer déchainée et nous dit : “N’ayez pas peur, c’est moi”.
Ne nous laissons pas aveugler par les manquements de quelques-uns qui nous scandalisent.
Continuons de marcher ensemble dans la fraternité et la confiance réciproque pour montrer
ensemble, laïcs, religieux, religieuses, diacres, prêtres et évêque le vrai visage de l’Eglise, au
service de l’humanité souffrante.
Gardons au cœur cette parole de Jésus : “C’est par votre persévérance que vous garderez
votre vie”.