« Et nous, Que devons-nous faire ? » La question est claire. Les réponses de Jean Baptiste également. Elles invitent à semer de la joie. Elles font écho aux nombreux appels à la joie qu’on peut entendre dans les textes de ce jour, à l’approche de Noel: Réjouis-toi, exulte, éclate en ovations, pousse des cris de joie, jubilez de joie, bondis de joie fille de Jérusalem, soyez toujours dans la joie…A la joie, est associée une promesse : car le Seigneur vient, car il est avec toi, au milieu de son peuple. Un appel ! Une promesse ! Vive déjà maintenant une réalité qui vient.
On fait vite de penser que la joie est là quand il n’y a pas de tristesse, quand il n’y a pas d’épreuve, quand tout est surmonté, quand tout est réparé, quand on est satisfait, quand tout va presque bien. S’il s’agissait seulement de la joie d’être satisfait de quelque chose qui marche bien, qui nous réussit, on pourrait bien dans cette assemblée se dire que tout le monde ne connait pas forcément la joie du quotidien Habituel. Si nous sommes à l’écoute du monde dans ses perturbations, à l’écoute de la création en gémissement, de l’Eglise dans ses moments de tourmente, de nos proches dans leur histoire compliquée, on peut se dire que la joie n’est pas un simple sentiment, mais nous invite à se réjouir de la simplicité dans les situations compliquées.
Lorsque le prophète Sophonie proclame pour Israël, « pousse des cris de joie fille de Sion, éclate en ovations, Israël, bondis de joie », il ne parle pas à un peuple en joie. Il parle à un peuple de pécheurs, appelé à la conversion, en attente du Messie de qui vient toute délivrance. Il proclame la joie de la liberté dans celui qui aime le pécheur, Dieu plein de miséricorde. C’est ce Dieu qui se tient au milieu de son peuple. Il parle alors de la joie de l’espérance.
Le fait d’Espérer rend joyeux, parce qu’espérer c’est d’abord éprouver ou risquer le désespoir, faire l’expérience de la fragilité. Lorsqu’on rencontre le malade ou la maladie, on comprend plus que jamais que la santé est une grâce à entretenir, on comprend, qu’être en bonne santé n’est pas un privilège entretenu par l’argent, mais d’abord une grâce entretenue par le sens de la responsabilité existentielle, et on est plus à l’écoute de toutes les fragilités, et on espère avec joie en une force qui nous aide à tout surmonter.
Quand St Paul aux philippiens nous dit « frères soyez dans la joie, soyez toujours dans la joie, en toute circonstance, priez et suppliez, et la paix de Dieu qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir gardera vos pensées et vos cœurs dans le Christ », il nous dit combien c’est important de rechercher la joie d’être en paix à l’intime de nous-mêmes. C’est la joie de la foi. Croire que malgré tout, avec Dieu, nous pouvons être en paix, en priant, en agissant dans la bonne conscience du bien et de l’amour.
Dans l’Evangile, Jean Baptiste qui baptise pour la conversion des pécheurs, parle à trois catégories d’individus au bord du jourdain. Il parle à la foule qui n’a pas de nom, les sans catégories. La foule demande : « que devons-nous faire pour être sauvés puisqu’il vient le Messie ». A tous, Jean parle de partage. Ce que vous avez en plus, il faut le partager, de quoi manger, de quoi s’habiller, en fait, partager les besoins qui font vivre.
Aux collecteurs d’impôts, eux qui représentent le pouvoir romain, donc les élus politiques, ceux qui organisent la vie pacifique des citoyens, la vie politique et socio-économique, il dit : « n’exigez rien de plus que ce qui vous est demandé ». En clair, n’abusez pas de votre pouvoir reçu de l’autorité. Aux soldats, à tous ceux qui agissent sous serment, qui ont pour eux la force et les moyens d’action pour l’ordre et la justice, juristes, enseignants, médecins, tout ce qui touche au bien-être de l’homme et de son éducation, il dira : Soyez justes, ne faites violence à personne, (violences diverses) n’accusez personne à tort ». On comprend que Jean parle ici de la charité à tous les niveaux pour tout individu en fonction des tâches en société. Jean nous parle ici de la joie de la charité.
On peut se rendre compte que de fait, il s’agit d’une joie bien plus profonde. La joie qui est fruit de l’Esprit Saint. C’est celle-là à laquelle nous devons travailler. La joie de l’espérance, la joie de la foi, la joie de la charité. Dans notre communauté paroissiale, comment nous sommes à l’écoute de cela, pour travailler à la joie autour de nous ? Il suffit parfois de peu pour apporter un peu de joie : un sourire, un regard, une présence, une attention…Quand on entend l’appel « soyons toujours dans la joie », on pourrait entendre certainement ceci « soit toujours responsables du don de la joie que Dieu a mise en nous. Il y a la joie qui est conditionnée par les autres. Il y a aussi notre façon de ne pas nous la laisser voler par les autres. Dieu met en nous sa joie, et elle est Grande !
Chères familles, chers jeunes scouts, chers catéchumènes, chers frères et sœurs, l’appel à la joie aujourd’hui appelle à notre vigilance et à notre responsabilité. Dans cette crise sanitaire, à l’approche de Noel par exemple, quelle écoute avons-nous pour rester vigilant, dans la foi, l’espérance et la charité, dans la joie de Jésus Christ présent en nos cœurs ? Alors, prions et agissons pour demeurer vraiment dans la joie !