Les textes de ce jour, de style apocalyptique, ne sont pas à entendre au pied de la lettre. Le soleil qui s’obscurcit et les étoiles qui tombent du ciel symbolisent les faux-dieux adorés par les pays païens. Mais, en cette 5ème journée mondiale des pauvres, instituée par le Pape François, nous pouvons porter notre attention sur une phrase de l’Evangile : “Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte”.
“Après une grande détresse”, nous dit Jésus. Le mot est peut-être trop fort, mais nous traversons des périodes difficiles. Depuis 2 ans la situation sanitaire a chamboulé nos habitudes, nos comportements, notre vie de relation avec les autres. Les révélations sur les abus au sein de l’Eglise nous déstabilisent et nous blessent. Autant de choses qui nous atteignent au moral. Il y a de quoi voir tout en noir. Et pourtant, Jésus nous invite à regarder attentivement ce qui éclot, les signes qui nous sont donnés, et qui sont de nature à nous redonner de l’espérance. Qui nous permettent de sentir, non pas que l’été est proche, mais que le Salut en Jésus-Christ est à notre porte.
Et quels sont ces signes ? Ce sont tous ces gestes, ces actions qui vont dans le sens du partage, de la solidarité, de l’attention aux plus fragiles, à ceux qui sont seuls ou qui souffrent, l’accueil de l’autre avec sa différence, tout ce qui a un goût et un parfum d’Evangile, tout ce qui trouve sa source dans l’Amour de Dieu lui-même. Ces signes, c’est vous qui nous les indiquez, ceux que vous avez écrits sur les petits papiers. Une parole du Pape dit bien toute la valeur des gestes mentionnés : “La grâce de Dieu est certainement à l’œuvre dans le cœur de beaucoup de personnes qui, dans la discrétion, se dépensent pour les plus pauvres dans un partage concret.”
Cela rejoint l’action menée à longueur d’année par le Secours Catholique. Des personnes qui fréquentent le temps de convivialité du mercredi ont accepté de témoigner. Ecoutons…
Quelqu’un de ma famille a su être là au moment où il le fallait pour passer un moment difficile. Elle continue aujourd’hui à être attentive à ma situation.
J’ai pris soin de mon fils
Je rends des services à des personnes rencontrées et qui sont dans la peine
Mon fils a téléphoné pour m’aider à obtenir mon appartement. Une autre m’a aidé à déménager.
J’ai aidé un monsieur handicapé qui était tombé, je l’ai aidé à se relever.
J’ai fais des courses pour une personne malade.
Je participe aux actions de dignité cimetière.
Quelqu’un m’a accompagné pour trouver du travail. Cela m’a permis de me remettre debout.
Je donne un coup de main pour le transport de meubles au SC.
Je transporte des personnes qui en ont besoin avec mon véhicule.
Je cultive les dahlias pour décorer les tombes avec dignité cimetière
J’ai aidé une personne à tapisser son appartement
J’ai accompagné une personne alors qu’elle était en difficulté.
Récemment elle m’a offert des fleurs, j’ai été très touché
Cela rejoint bien ce qui est écrit sur les petits papiers. Vos expressions montrent que vous avez bien compris ce qu’est la diaconie : pas d’actions spectaculaires, pas de démonstration de force. Et c’est bien normal. La diaconie, le service du frère ou de la sœur, cela se vit dans les petites choses, les petits gestes du quotidien, qui passent souvent inaperçus, et pourtant sont essentiels. C’est comme l’obole de la veuve, dans l’évangile de dimanche dernier. C’est presque en cachette qu’elle dépose sa piécette dans le tronc. Elle ne cherche pas à se faire remarquer. Elle fait simplement et humblement ce que lui dicte son cœur et sa foi. Et pourtant c’est elle qui est vue par Jésus, c’est elle qu’il nous donne en exemple, non pas parce qu’elle a mis peu, mais parce qu’elle a tout donné ce qu’elle avait pour vivre.
Par ailleurs, le Pape François, dans son message à l’occasion de cette journée, attire notre attention sur la personne des pauvres : “Les pauvres, nous dit-il, ne sont pas des personnes extérieures à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance, pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende la dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire”. Et je préciserais : inclusion dans la société et dans l’Eglise. Et François ajoute : “Les croyants, lorsqu’ils veulent voir Jésus en personne et le toucher de leurs mains, savent vers qui se tourner : les pauvres sont un sacrement du Christ, ils représentent sa personne et nous renvoient à lui”. Et il nous invite à ne pas attendre qu’ils frappent à notre porte, mais à les rencontrer là où ils se trouvent.
Puissions-nous, dans tous les petits gestes chargés d’amour fraternel, discerner les signes que le Christ est à notre porte.
Puissions-nous regarder nos frères et nos sœurs avec le même regard que Jésus pour voir ce que personne ne voit, pour adresser un sourire, tendre la main à celui ou celle qui en a besoin.
Puissions-nous, en eux, reconnaître un visage de Dieu qui se fait proche de nous.
Donne-moi ton regard, Ô Seigneur, apprends-moi à te voir.
Montre-toi dans le frère, Ô Seigneur. Donne-moi ton regard