Aussitôt ! C’est le mot commun au livre de Jonas et à l’évangile de Marc. “Aussitôt les gens de Ninive crurent…”, et “Aussitôt, ils le suivirent” nous dit l’évangéliste en parlant des disciples. Et Paul, écrivant au x Corinthiens, en remet une couche : “Le temps est limité”. Il faut dire que pour Paul et ses contemporains, le retour final du Christ était, sinon pour demain ou après-demain, au plus tard dans les semaines à venir. C’était imminent.
Nous ne voyons plus les choses de la même façon 2000 ans plus tard, mais pour autant, ne pouvons-nous pas prendre à notre compte cette affirmation “Le temps est limité”? Car il y a urgence à réagir, pour lutter contre la pandémie, pour sauver les emplois, la santé, l’économie, la vie et les relations sociales. Il y a urgence pour sauver la planète menacée. Il y a urgence (depuis des millénaires, me direz-vous) à ce que chaque enfant, chaque femme, chaque homme sur la planète mange à sa faim, puisse se soigner, puisse se former, avoir du travail, etc… Il y a urgence à ce que la solidarité l’emporte sur l’individualisme et à ce que le partage l’emporte sur le profit toujours plus important pour les plus riches. Il y a URGENCE !!!!
Allons-nous AUSSITÔT trouver une solution à tous les problèmes? Cela m’étonnerait, et pourtant il nous faut croire que chacun de nos gestes, de nos tous petits gestes, apportent leur contribution à cette conversion. La pandémie elle-même, toute détestable qu’elle soit, nous incite à revoir nos habitudes, à mettre des priorités, faire des choix, prendre soin des autres.
Pour changer, mettons nos pas dans ceux de Jésus, en laissant pour cela une part de nos attaches, comme les disciples.
Mais, à propos, n’est-ce pas un peu, ou beaucoup, miraculeux ce “aussitôt” ? Jésus passe, il voit des hommes, il les appelle, et ils le suivent. C’est trop facile. On a tous essayé ce genre d’appel, et souvent ça n’a pas été aussi facile et immédiat. D’accord, on n’est pas Jésus, mais quand même, il n’y a pas que cela. C’est sans doute que pour Marc aussi le temps était compté et qu’il ne pouvait pas se permettre de tout raconter dans les moindres détails, alors il fait des raccourcis. Ne pas prendre le temps de réfléchir, est-ce bien une réponse libre ? L’évangile selon Saint Jean, qu’on a entendu dimanche dernier, nous apporte un élément de compréhension : Jean nous dit que André et un autre disciple (Jean lui-même sans doute) étaient de ceux à qui le Baptiste a dit, en désignant Jésus : “Voici l’Agneau de Dieu”, et qu’ils l’ont suivi pour savoir où il demeurait. Il ont noué une relation, qui les a tellement bouleversés qu’ils en ont parlé à leur frère, à leurs amis… et qu’ils les ont amenés à Jésus. Aussi, quand Jésus passe le long du lac, ce n’est pas la première fois qu’ils se voient, ils ont déjà une histoire commune. Peut-être rêvaient-ils déjà, sur leur bateau, d’être tout le temps avec ce Jésus. Alors l’occasion est trop belle : Il nous appelle, c’est déjà tout réfléchi, on y va, … aussitôt.
Nous sommes, nous avons noué une relation avec le Christ, et il nous appelle chaque jour. Qu’est-ce que je dois laisser aujourd’hui pour être suffisamment libre de suivre Jésus ? L’essentiel c’est de ne pas toujours reporter à plus tard, et de suivre le Christ, chacun à notre manière, avec ce que nous sommes. L’essentiel est d’entendre la Parole, Jésus lui-même, Parole de Dieu, de la laisser pénétrer en nous, nous façonner à son image, pour aimer comme lui, nous donner comme lui.
Puissions-nous, à l’invitation du Pape François, donner toute sa place à la Parole de Dieu dans notre vie, la méditer, l’assimiler et pouvoir la redonner, la partager autour de nous et appeler à notre tour d’autres à suivre le Christ en témoignant de comment il nous fait vivre..
Seigneur, que ta Parole soit notre guide dans le quotidien de nos vies.