Le Jeudi Saint nous rappelle l’institution de l’Eucharistie par Jésus Christ Seigneur. C’est le dernier repas de Jésus et de ses disciples que nous rappellent les Ecritures ce soir et que racontent différemment St Paul dans sa lettre aux Corinthiens et St Jean dans son Evangile. C’était avant la paques juive. La paques juive c’est le dernier repas des hébreux en terre d’esclavage avant leur passage (Pessah en hébreux, paques) de liberté par la mer.
Chez Paul on entend les paroles de l’institution : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, prenez et buvez, ceci est mon sang ». Et nous entendons cette recommandation de tous nos dimanches en Eglise: « faites-cela en mémoire de moi ». Tout comme dans l’exode, Dieu recommande aux juifs, de commémorer ce repas qui rappelle le passage de la liberté. « Ce sera pour vous un mémorial ». Et dans ces deux lectures, il y a le geste du partage de l’agneau, des herbes amères, du pain et du vin. Faire mémoire, c’est rappeler en actualisant réellement ce qui s’est passé avec Jésus.
Chez Jean, nous entendons également cet appel : « afin que vous aussi vous fassie comme j’ai fait pour vous ». Nous voyons surtout un geste : le lavement des pieds.
L’action de laver les pieds était considérée soit comme acte d’humiliation que l’on ne pouvait même pas imposer à un esclave juif, soit comme un acte de piété vis-à-vis d’un maître, ou d’un père. C’est tout l’Amour de Jésus qui donne sa vie comme à la croix. Ce n’est pas un geste de purification, mais une expression d’amour à accueillir dans la foi. Jésus ce soir-là, a aussi lavé les pieds de Judas, lui qui s’est obstiné dans son projet de trahir son ami. Jésus s’obstine à aimer quand l’homme s’obstine à résister à l’amour de Dieu. Alors il continue de s’abaisser profondément.
Ce jeudi St c’est donc un acte de mémoire que nous célébrons, comme ce que nous faisons tous les dimanches. Mais la vie chrétienne ne se résume pas aux dimanches. La vie chrétienne c’est en fait tous les jours un dimanche, c’est tous les jours la messe. Cela que signifie l’envoi du célébrant à la fin de chaque messe : « allez dans la paix du Christ ».
Ainsi St Jean nous invite à passer tous les jours, et tous les dimanches, de la table eucharistique à la table du service comme pour vivre un seul et même acte. Servir, voilà toute l’eucharistie. Comme lui savoir dresser la table, comme lui nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour comme lui. Nous les baptisés, prêtres et fidèles laïcs, chacun de nous, serviteurs des autres.
Servir, ce n’est pas seulement faire ce qu’on veut et comme on veut. C’est d’abord comme Jésus, accepter que notre volonté obéisse avant tout et en tout à Dieu, recevoir un appel à servir. Servir c’est d’abord écouter Dieu qui crie le besoin des autres.
Appel de l’époux ou du religieux et clerc consacré, l’appel du bénévole, l’appel du chrétien citoyen au cœur du monde. C’est ensuite une réponse, c’est-à-dire, un abaissement, non pas comme une soumission, mais une attitude profonde d’humilité et de fidélité, de persévérance et d’espérance. Servir ce n’est pas seulement faire quelque chose pour ou à la place de quelqu’un, mais se laisser toucher, être un chemin de croissance pour quelqu’un. Chaque fois que j’aurais aidé quelqu’un à grandir parce que moi je me suis abaissé, alors j’aurais été serviteur.
Chaque fois que j’aurai laissé quelqu’un que je sers, m’aider finalement à me convertir et à grandir, alors j’aurais vraiment servi comme Dieu veut. Le plus beau cadeau du servir, ce n’est pas se réjouir de ses efforts, mais grandir de rendre les autres forts de la force de Dieu.
Jésus a eu besoin que ses disciples le soutiennent dans son épreuve. Ce soir nous pouvons le faire dans l’adoration eucharistique. C’est un beau service que d’être simplement là, sans rien faire d’autre que d’être là pour Jésus comme Jésus est là pour chacun de nous, jusqu’à mourir pour chacun de nous. Servir sans rien attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté Seigneur.