DIMANCHE 14 MARS 2021 – 4E DIMANCHE DE CAREME – ST JEAN L’AVEUGLE – NE

L’Evangile de ce jour commence par un homme physiquement aveugle depuis sa naissance et finit par un groupe d’hommes qu’on découvre spirituellement aveugles. L’Evangile commence par une question : Cet homme est aveugle depuis sa naissance, est-ce lui qui a péché ou ses parents ? La réponse de Jésus est simple : Nous n’avons pas à juger de ses péchés, ni de ceux de ses parents, mais à voir la gloire de Dieu dans sa vie. Et cet évangile finit par cette réponse : le vrai pécheur c’est plutôt celui qui dit qu’il voit alors qu’il ne voit rien. Et tout au long de cette histoire, on peut voir deux choses :

Cet homme aveugle de naissance commence par voir Jésus simplement comme un homme, ensuite, comme un homme que Dieu exauce, et il comprend que cet homme est juste, puisque Dieu pour lui l’a guéri de son mal, il devient alors défenseur du juste devant le tribunal des hommes, puis il devient enfin un disciple qui affirme sa foi : Je crois. Cet aveugle a donc physiquement et spirituellement progressé de la cécité à la lumière de la vérité.

Ensuite on peut s’étonner du silence presque coupable des parents sur la joie que tout parent normalement peut ressentir de voir leur enfant aveugle de naissance guérir de ce mal, gratuitement, puisqu’il est pauvre et mendiant. C’était par peur des juifs, écrasés qu’ils étaient dans leur misère. Ces juifs qui refusent de voir que l’aveugle désormais peut voir grâce à Jésus. On a refusé à ce moment-là de voir que la souffrance de cet homme avait cessé par pure grâce, et on est resté fixé sur nos propres jugements sur lui, nos refus de d’accueillir ce Jésus grâce à qui la lumière se révèle. La vérité était devant leurs yeux. Mais ils les ont fermés, refusé de se laisser toucher, de progresser. Et c’est eux qui deviennent aveugles.

Refuser de voir l’autre comme un frère qui nous ouvre à des valeurs plus grandes, à cause de nos résistances et de nos jugements c’est une tentation. S’empêcher de percevoir la souffrance de la création à sa juste mesure, c’est être en conflit avec la lumière qui doit éclairer le monde. Or C’est la fraternité qui éclaire et qui unit le monde. Ouvrons donc les yeux sur cette fraternité au nom de laquelle nous pouvons vivre une amitié sociale comme dit le pape François dans Fratelli Tutti aux numéros 244 et suivants.

Le pape François explique bien qu’amitié sociale ne veut pas dire pardon social lorsqu’il y a des conflits sociaux. Le pardon général ne regarde pas les souffrances individuelles. Il faut ouvrir les yeux sur les souffrances individuelles et faire chemin de guérison ensemble. Il en est de même pour le sacrement de la réconciliation : la miséricorde de Dieu pour tous ne signifie une absolution collective où il n’y a pas de démarche personnelle du pardon. La réconciliation est un fait de personne à personne. C’est la Personne de Dieu et en Dieu qui pardonne. C’est la personne qui est pardonnée. On n’impose pas l’oubli. L’aveugle de l’Evangile a fait son chemin, faisons également chemin de conversion et de profession de foi en Jésus Christ Lumière du monde, frère de tous, qui règne sans fin. Amen !